1864–2024 : Quand les allées se taisent a été réalisé dans le cadre de ma résidence Capsule initiée par le Ministère de la Culture à la Cité des Arts de la Réunion entre octobre et décembre 2024. Ce projet documente la fermeture du marché historique de Saint-Denis, classé au patrimoine et témoin d’un siècle et demi d’échanges, de rencontres et de mémoire collective pour les réunionnais.
À travers cette série, je m’attache à retranscrire l’essence de cette transition, en immortalisant aussi bien les commerçants que les chaises et tabourets sur lesquels ils se sont assis pendant, pour la plupart, une quarantaine d’années – vestiges silencieux d’une vie marchande sur le point de s’éteindre. Grâce à la cyanotypie, un procédé photosensible apparu avant la construction du marché, j’ancre mon œuvre dans une temporalité oscillant entre passé et présent. Le bleu profond de mes images évoque les bâches des étals et la ferronnerie du marché qui est le seul élément classé au patrimoine historique, mais aussi la mémoire qui persiste malgré les transformations.
Construit en 1864, ce marché avait résisté jusqu’à présent aux cyclones et aux mutations urbaines, s’intégrant aux souvenirs d’enfance et aux habitudes quotidiennes des habitants. Aujourd’hui, face à sa démolition et au déplacement des commerçants vers une zone industrielle, il incarne la tension entre patrimoine et modernisation.
Ce travail interroge la notion de rupture et de continuité : que reste-t-il lorsqu’un espace de vie est effacé au nom du progrès ? Comment préserver l’empreinte humaine et culturelle face aux décisions imposées ?
Plus qu’un témoignage, cette série est une invitation à la réflexion : face aux bouleversements, comment réinventer les liens qui nous unissent et réécrire, ensemble, une nouvelle mémoire collective ?